LES RELIGIONS MONGOLES
Les religions en Mongolie sont variées, depuis la création des grands empires turco-mongols et durant leur plus de 1500 ans d'existence, en raison de la diversité des confessions des populations dominées.
Sous le terme Mongolie, on peut regrouper plusieurs entités territoriales : la Mongolie telle qu'elle était à l'époque de l'Empire mongol, couvrant la majeure partie de l'Asie et au-delà, ou les différentes parties de la Grande Mongolie, que sont aujourd'hui l'État Mongol (mongol cyrillique : монгол улс, mongol uls), semi-indépendant sous le Khanat de Mongolie de Bogd (1912-1924) et officiellement indépendant depuis 1921; la Mongolie-Intérieure, restée dans le territoire chinois; et les différentes autres régions du monde de culture mongole. Le tengrisme (forme de chamanisme), déjà présent chez les Xiongnu, reste la base de l'organisation dans les steppes d'Asie centrale, opposée ou mêlée par syncrétisme à différentes grandes religions (bouddhisme, christianisme, islam).
Dans l'État Mongol indépendant, le bouddhisme est majoritaire, pratiqué par un peu plus de 53 % de la population. Il est suivi par l'irréligion, revendiquée par environ 38 % de la population. Enfin, l'islam et le chamanisme, avec 3 % de pratiquants chacune, précédant de peu le christianisme avec 2,1 % de pratiquants.
L'école des bonnets jaunes (gelugpa) est la doctrine bouddhique majoritaire en pays mongol. Le bouddhisme et le chamanisme sont dans les faits entremêlés dans ce qui est appelé le chamanisme jaune où les pratiques chamaniques sont liées à des rites bouddhiques. Dans certaines régions de l'ancien Empire mongol où subsistent de fortes populations mongoles, la pratique majoritaire est l'islam. Actuellement, en Mongolie comme en Mongolie-intérieure, sont toujours pratiqués le bouddhisme, l'islam (majoritairement dans les régions habitées par les Khazaks) et le christianisme, avec cependant d'autres religions locales, avec ajouts par syncrétisme d'éléments de tengrisme, religion ancienne liée aux fondements de l'Empire et au pouvoir de Gengis Khan.
Les communistes ont accepté sous la bannière du Parti du peuple mongol, pendant les dernières années de la Mongolie autonome (1911-1924), le bouddhisme entre 1921 et 1924, en remettant sur le trône le théocrate Bogdo Khan. À la mort de ce dernier l'établissement de la République populaire mongole (1924-1992) est déclarée et le pays devient officiellement laïque. Le tengrisme est cependant toujours resté présent, au moins comme superstition, dans l'esprit des populations et principalement chez les nomades.
En novembre 1993, un an après la proclamation de la République de Mongolie, une loi sur les religions impose le bouddhisme comme religion d'État et interdit toute activité religieuse organisée de l'extérieur sans invitation gouvernemental.
En dépit de décennies d'athéisme d'État, le bouddhisme tibétain reste, en Mongolie-Intérieure et en Mongolie, la religion principale des Mongols : les pratiquants considèrent le 14e dalaï-lama comme l'un de leurs chefs spirituels
Bouddhisme
Dès les premiers empires turco-mongols, des missionnaires bouddhistes indiens viennent enseigner leur foi. Sous Taspar Qaghan (règne 752 - 781) Jinagupta (séjour 574 - 584), plus tard, Prabhakaramistra (626), puis chinois comme Xuanzang, (parfois retranscrit Hiuan Thsang, 626 — 645), mais celle-ci n'aura une influence que très limitée. Une inscription sogdienne écrite à Bugut, en haute Mongolie après 851 à la gloire de Mughan Qaghan énonce par contre que Bumin Qaghan, fondateur du Khaganat turc en 552 aurait été bouddhiste et aurait ordonné l'édification d'un nouveau samgha.
L'école gelugpa, fondée par Tsongkhapa (1357-1419), fils d'un Darughachi mongol et d'une Tibétaine, à Xining, dans la province mongole de Kokonor (actuelle Qinghai), sur le plateau du Tibet, est héritée du bouddhisme tibétain, variante du courant bouddhiste Vajrayana. Le bouddhisme tibétain est non seulement pratiqué au Tibet, mais aussi dans les régions mongoles, mandchoues ou encore Han de la Chine, ainsi que dans la République de Bouriatie, la République de Touva et la République de Kalmoukie.
Monastery d'Erdene-zuu à Karakhorum
Altan Khan (1502-1582), souhaitant détrôner la lignée des descendants de Gengis Khan, cherche à imposer le bouddhisme tibétain pour prendre le pouvoir. Il invite Sonam Gyatso, chef des gelugpa et abbé du monastère de Drépung, qui se rend en Mongolie en 1578. Altan Khan crée le titre de dalaï-lama (далай) signifiant océan en mongol) qu'il offre à Sonam Gyatso, titre qui est appliqué par contumace à ses deux prédécesseurs (Gedun Drub et Gedun Gyatso).
Le bouddhisme a également influencé le chamanisme, avec des divinités comme Sagaan Ubgen (le vieil homme blanc), qui se retrouve dans le chamanisme blanc, une subdivision du chamanisme jaune (le chamanisme des bonnets jaunes). Cette divinité est typiquement mongole.
En dépit de décennies d'athéisme d'État, le bouddhisme tibétain reste, en Mongolie-Intérieure et en Mongolie, la religion des Mongols qui considèrent le 14e dalaï-lama comme l'un de leurs chefs spirituels. Il s'est rendu 8 fois en Mongolie depuis 1979.
Chamanisme - Tengrisme
Le chamanisme est déjà pratiqué dans les régions turco-mongoles d'Asie centrale. Dès les Huns et les Xiongnus, le ciel (Tengri) est posé comme divinité, et la religion se constitue de croyances chamanistes, animistes et totémistes. Le terme chaman est à l'origine un terme toungouse evenk, donné comme titre aux prêtres du tengrisme. Cette religion semble héritée des religions primitives des nomades, que l'on retrouve tout autour du globe avec un culte du ciel, et en particulier du soleil et de la lune.
Lors de traités avec les États soumis, les Huns et les Mongols font référence à un dieu unique et éternel, au ciel, et, pour décrire la totalité du monde, il est question du soleil, du levant au couchant. Les Huns se définissent alors aussi comme « Kun », « kun djono », les « gens du peuple du soleil ». Ils vouent un culte au ciel, au soleil et à la lune.
Le tengrisme est particulièrement répandu chez les turcos-mongols aux 7e et 8e siècle. Il perd en intensité au VIIIe sous l'influence du manichéisme, religion officielle du khanat ouïghour.
Gengis Khan se dit l'héritier du Tengri. Sous l'empire Yuan, on le surnomme fils du ciel et il gouverne en suivant différents principes de vie des loups, animaux divins du tengrisme. Des populations toungouses comme les evenkis accordent davantage d'importance aux rennes.
Eglise à Oulan-bator
Christianisme
Au 13e siècle, parmi les descendants de Gengis Khan, Tuluy, son fils préféré, épouse la princesse Soyughaqtani et conserve auprès d'elle une église nestorienne. Leurs fils Möngke et Kubilai succèdent tous deux au titre de Khaganet sont élevés avec leur frères Houlagou Ariq Boqa dans l'esprit de la foi chrétienne, mais la yassa mongole leur interdit d'être baptisés. Sous les règnes de Ögödei, Güyük et Möngke, le christianisme continue à se développer suivant les rites de l'église nestorienne. Les nestoriens étaient toujours actifs durant la dynastie Yuan, en Mongolie intérieure, notamment à Wulan-Chabu.
Aujourd'hui, on trouve également des églises orthodoxes en Mongolie.
À Oulan-Bator, se trouve l'église orthodoxe de la Sainte-Trinité (Гэгээн-Троицкийн үнэн).
Mosque à Bayan-ulgii
Islam
L'islam en Mongolie est attesté depuis au moins 1254, dans les écrits du franciscain Guillaume de Rubrouck, lorsqu'il se rend à la cour de Möngke, petit-fils de Gengis Khan à Karakorum.
Ghazan Khan, arrière-petit-fils d'Houlagou Khan, fondateur de la dynastie des Ilkhanides en Iran, règne de 1256 à sa mort, se convertit à l'islam en 1295.
Tamerlan (1336-1405), qui conquiert la Perse, khan, émir et fondateur de la dynastie des Timourides (1369–1507), se convertit à l'islam.
L'islam est aujourd'hui principalement pratiqué par les Kazakhs, dans l'aïmag occidentale de Bayan-Ölgiy.